Fred et ses histoires capilotractées


Peux-tu te présenter et nous parler un peu de ton parcours d’auteur et de réalisateur?

Je m’appelle Frédéric Ruiz et je suis comédien, auteur et réalisateur. Mon parcours aime la variété, comme moi ! Déjà j’écris et réalise des films depuis l’âge de 13 ans, après ce merveilleux Noël où je parviens enfin à convaincre mon père de m’offrir un caméscope. Là je passe plus de temps à écrire des scénarios qu’à faire mes devoirs. Et les vacances sont en grande partie dédiées aux tournages, avec les copains, mon frangin, mes cousines… Ensuite je monte et mixe mes films dans le salon familial, avec une installation artisanale, des câbles partout, c’est un foutoir sans nom et mes parents s’arrachent les cheveux ! Quand le film est terminé j’organise dans ce même salon une projection en avant-première mondiale, où tous les membres adultes de ma famille se jettent des regards gênés, voir horrifiés, voyant défiler les scènes parfois gores, bizarres, souvent drôles et décalées, en tout cas pas assez mainstream c’est certain ! 

Après un bac cinéma et un BTS pub à Nice, direction Montpellier pour un DEUG cinéma, puis enfin Paris, en autodidacte sur les plateaux TV et ciné, comme stagiaire régie, déco, prod… Puis dans le but d’améliorer ma direction d’acteur sur les tournages de mes films, j’entre dans un conservatoire d’art dramatique d’arrondissement, et je me prend au jeu. Je me souviens que j’adorais jouer dans mes propres films depuis toujours, et aujourd’hui je gagne essentiellement ma vie en jouant au Théâtre, en faisant de la voix off et du doublage. Mais la passion de l’écriture et de la réal ne m’ont pas quitté. Ces 20 dernières années, je me suis toujours acharné à trouver des idées, écrire des histoires, monter des dossier de films, séries, que j’envoyais aux prods, souvent j’avais l’impression comme une bouteille à la mer, mais bon… C’est un bon entraînement, ça permet de ne pas trop se rouiller.

En tout cas c’est toujours dans l’auto prod, seul ou avec des potes, que j’ai réussi à monter bel et bien mes projets. Et il y a eu de belles pépites, des courts métrages très drôles écris et tournés en collectif, et primés dans le cadre du festival 48h de Paris, plusieurs années consécutives. Il y a eu « Ça sent le fromage » une web série absurde et azimutée, que je me suis éclaté à réalisé avec une bande de clowns bourrés de talent. Je sentais en tout cas de belles failles sur mes projets persos sur le plan de l’écriture. J’ai eu donc une période de formation écriture cinéma, dont cette excellent atelier 2AD, où je rencontre Ghislain et Colin. C’est avec ce dernier que je collabore avec bonheur aujourd’hui sur un projet de long métrage en cours d’écriture.

Peux-tu nous expliquer comment est née ta chaine Youtube ?

Ma chaine, comme tous mes courts métrages auto produits, est née du ras le bol et de la frustration de monter des dossier de projets qui ne voient jamais le jour. Au moment où je la crée je suis un papa heureux, avec un fils de 5 ans avec qui je joue souvent, je prend un pied monstre à lui raconter un tas d’histoires farfelues, et il m’écoute avec de grands yeux ronds brillants et la bouche ouverte. Mon meilleur public et de loin ! C’est ces moments magiques et ce plaisir intense qui me donnent envie de de réaliser une fiction audio. Au moins avec l’audio, pas de problèmes de budgets, aucune limite à mon imaginaire ! Je peux avoir des scènes de tempête en mer, des chevaliers, des trolls, des dragons, des arbres qui bougent et parlent… C’est la liberté absolue et ça fait sacrément du bien ! 

Les épisodes des Histoires Capilotractées sont disponibles en podcast et en vidéo illustrées. Comment va se construire un épisode?

Au départ je pensais faire uniquement des podcasts audios, et puis je pensais aux livres audios pour les enfants, et je trouvais quand même sympa que les histoires puissent être illustrées. Ma femme m’a rappelé que j’avais un bon pote dessinateur de BD (Cédric Liano), et qu’il serait peut-être partant. Et effectivement il a tout de suite été chaud bouillant ! Alors j’ai créé la chaine Youtube, qui était le meilleur médium pour diffuser à la fois du son et des images. L’idée c’était d’avoir des illustrations certes, mais que ça reste assez lent et doux, pour proposer autre chose que les programmes jeunesse surdynamités, au montage clipé ultra rapide, hyper bavards et bruyants.

C’est après que des plateformes telles que Sybel m’ont sollicité pour diffuser uniquement les histoires en mode audio. Du coup je trouve ça bien de proposer les deux. Certains parents font la guerre aux écrans et c’est vrai que l’imagination de l’enfant est davantage sollicité quand tu n’as que de l’audio. L’écriture des épisodes se fait toujours de la même manière : d’abord j’improvise en racontant à mon fils et en m’enregistrant. Mon fils qui participe beaucoup, en posant des questions, en orientant la narration vers des endroits qui le font vibrer. C’est toujours son regard qui me guide, quand je sens qu’il décroche je bifurque, je pars ailleurs…
Après seulement je commence à écrire, et j’enregistre la version définitive toujours en racontant l’histoire à mon fiston et avec sa participation spontanée du moment. Du coup c’est pas figé, c’est vivant et enjoué.

Comment travailles-tu avec tes deux collaborateurs , Cedric Liano et Kevin Kapalsky ?

J’aime leur laisser carte blanche. Comme la personne qui va écouter l’histoire en mode audio et se créer des images dans sa tête, je voulais que les dessinateurs se sentent libres d’imaginer à leur guise, avec la même liberté que celle que je m’octroie moi même à l’écriture. J’adore au moment de recevoir les illustrations, de devenir spectateur à mon tour. C’est un grand kiff de redécouvrir sa propre histoire de cette manière. Je demande donc très rarement des changements ou retouches. Kevin tient toutefois à d’abord dessiner un storyboard qu’il me propose en amont, et ne commence le dessin définitif que quand je valide ce storyboard. Je fais parfois des suggestions. Je respecte la façon de travailler de chacun. 

Tu es également le narrateur de plusieurs documentaires de Greenpeace ou de Sea Sheperd notamment. Tu peux nous en dire plus ?    

Raconter des histoires est essentiel pour moi. Raconter et conter. L’art et la maitrise du conte, dans son écriture, la manière dont l’intrigue se déroule, et la façon de l’offrir au public, de partager l’histoire. D’y mettre tout son coeur, du désir, de la générosité. C’est que j’aime le plus. Et la narration de documentaires fait partie de ce processus plus que jamais. Il fait embarquer le spectateur avec toi, que tu lui parles des baleines, d’une enquête policière, ou de la fabrication du stade de France !